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2332 librairies fermées depuis 5 ans: l’hémorragie italienne

Le combat de la librairie, partout dans le monde, prend les mêmes aspects. Dans les pays ne disposant pas d’une législation type prix unique, la situation serait plus douloureuse. En tout cas, Paolo Ambrosini, président de l’Association des libraires italiens, le déplore sérieusement. Chiffres à l’appui.

di Nicolas Gary, actualitte.com – 21.01.2020

Sur les cinq dernières années, affirme Ambrosini, 2332 librairies précisément ont fermé leurs portes, ce qu’il qualifie de «Caporetto de la culture», en référence à la bataille de novembre 1917, qui entraîna une lourde défaite italienne.

Comme pour lui donner raison, une autre librairie, et pas des moindres, s’est doucement éteinte, à Rome: la Feltrinelli International. Filiale du groupe éditorial du même nom, la boutique n’est que la dernière en date d’une longue série, qui ne prendra pas fin sur-le-champ.

La Pecora elettrica, librairie antifasciste victime d’un incendie manifestement criminel avait déjà jeté le gant. Mais dans la capitale italienne, la Feltrinelli International représentait une pierre angulaire dans la culture littéraire.

Prenons l’exemple hexagonal : le Syndicat de la librairie française nous précise que sur la période 2007-2018, le nombre de librairies est passé de 2344 à 2182. « Les établissements sont recensés par l’ACOSS, caisse nationale du réseau des URSAFF ». Soit le code NAF 732.

Autrement dit, le nombre de commerces disposant d’au moins un salarié, critère pour figurer dans la liste des librairies, a diminué de 7 %. Il faut cependant «ajouter un millier de librairies tenues par le seul gérant», soit près de 3200 sur le territoire français.

La grande différence ? Elle résiderait selon le président de l’ALI dans la législation: la loi sur le livre, en Italie, continue de trainer — et sont ainsi retardées d’autant les mesures qu’elle porte. Remise plafonnée à 5 % contre 15 %, création d’une carte culture pour les populations démunies, mise en place d’un prix littéraire spécifique.

Sauf que les sénateurs italiens attendent, encore et encore. Et le président Ambrosini s’agace: le ministère de l’Économie et des Finances n’aurait toujours pas donné d’avis favorable.

«Il semble que quelqu’un joue au chat et la souris», déplore-t-il dans un communiqué. «Que le gouvernement clarifie une fois pour toutes sa position: soit il partage le principe du décret – et l’affirme en publiant l’avis, parce que les déclarations d’intention jusqu’à lors n’ont produit aucun effet».

En attendant, 4596 emplois ont disparu avec la suppression des commerces, entre 2012 et 2017, avec une situation qui s’aggrave, sur les années 2016 et 2017.